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[ÉTAT ET MENU GÉNÉRAL DE LA DÉPENSE]. État et menu général de la dépense ordinaire de la maison de Madame Adélaïde. Versailles : 1er janvier 1761. Livre de service manuscrit, d'une calligraphie soignée, à l'usage de la maison de Mesdames de France et plus particulièrement de Madame Adélaïde. Quatrième fille de Louis XV et de Marie Leczinska, Marie-Adélaïde de France, ou Madame (Versailles 1732-Trieste 1800), résidait à Versailles et s'y tenait non seulement dans la froideur de l'étiquette, mais dans le culte du rang où la Providence l'avait placée. Ses appartements situés au rez-de-chaussée dépassaient en richesse tout ce que le château offrait de plus somptueux. Intelligente, de caractère enjoué, polyglotte, elle s'intéressait aux mathématiques, pratiquant plusieurs instruments : clavecin, violon, cor. Beaumarchais lui apprit à jouer de la harpe. Son père qui appréciait son activité débordante l'avait affublée du sobriquet de “Madame Torchon” ou “Loque”. Protectrice du parti dévot, elle fut mêlée aux intrigues de la cour contre Voltaire, Choiseul, Mesdames de Pompadour et du Barry. Nommée Madame jusqu'à l'avènement de Louis XVI, elle se retira alors au château de Bellevue à Meudon, en compagnie de ses sœurs Victoire et Sophie. En 1791, elle émigra et se réfugia en Italie. Train de maison et menus constitués pour Madame et les princesses en vue de l'année 1761. Le document règle l'étiquette et le cérémonial observés à Versailles. Dépenses et menus sont minutieusement détaillés et chiffrés ; y sont portés pour l'année, les salaires des dames d'honneur, dames d'atours, écuyer, garçons de chambre, chapelain, huissier, chirurgiens, le prix du bois de chauffe, des bougies (blanches ou jaunes) et des épices. Les dames d'honneur, comme la maréchale de Duras et la duchesse de Beauvilliers, reçoivent 600 livres par mois. Apparaissent ainsi une centaine de noms de courtisans, serviteurs et nourrices du premier cercle princier. Les aliments attribués à Madame et à ses sœurs, Victoire, Sophie et Louise, sont expressément désignés. On y découvre que le vin est réservé aux officiers et serviteurs, “attendu que les Princesses ne boivent pas de vin”. Menu de la table de Mesdames de France lorsqu'elles mangeront ensemble : trois grands bouillons (à base de chapons vieux, bœuf, veau et mouton), trois potages, cinq entrées (longe de veau, poulardes en filets à la crème, perdreaux en escalopes, casserolle de ris, pigeons de volière), 4 rôts (poulets, levreau, perdreau, cercelles), viandes de bouillons (grosse viande, lard, jambon, ris de veau, crêtes, beurre, œufs, chapon pour tourte et blanc manger). Menu pour la table de Madame en gras lorsqu'elle mangera avec une des autres princesses : trois grands bouillons, deux potages, trois entrées, trois plats de rôts, deux salades et trois entremets. Menu pour la table de Mesdames les jours maigres lorsqu'elles mangeront toutes ensemble : les grands bouillons comme aux jours gras, trois potages (sole, carpe), cinq entrées (barbuë, saumon, vive, soles, truitte), quatre plats de rôt. On trouve aussi un Manoir des gateaux qui se distribuent la veille des rois, comprenant une liste de 42 personnes parmi lesquelles figurent les princesses (Mesdames, Victoire, Sophie et Louise), des dames de compagnie (les duchesses de Brissac et de Beauvilliers, les dames de L'Hopital, de “Castres”, de Vilguier, de Gouy, de Montbarre, de Bassompierre et de Lostanger et des “nourisses” (Magault, Gamart Goubet, Gautier de Montgival, Dubuisson, Naudion Lemoine, Meunier, Tarte, Hebert, Bordier, Delafosse, Moreau de Chantelou…). État du vin excellent qui se distribue la veille des rois et de carême prenant. Cet état comprend le maître d'hôtel servant, le controlleur d'office, le commis au controlle général, le gobelet, la bouche, la fourière, les Suisses du corps, l'apoticaire et le concierge. Distribution de l'hipocras qui se fournit la veille des rois et le jour de carême prenant : 188 bouteilles pour les deux jours. Distribution que l'on doit faire aux 4 festes annuelles de Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël aux garçons de la chambre (pains, vin de table, gibiers et lard) et aux Suisses de corps (pains, vin de commun, veau, mouton et lard). État du pain et du vin qui se distribuent à chacune des festes de Saint Louis et Saint Martin : au gobelet, à la bouche, au sabotier, à la fourière au lavandier, aux garçons de la chambre, à l'apoticaire et aux Suisses du corps. La plus gracieuse des trois sœurs était Madame Victoire, représentée en Diane par Nattier, le sein nu. Tout Paris jasait sur la gourmandise de la belle indolente. On rapporte que les cuisiniers se livraient à des tours de force pour esquiver les privations en temps de carême ou pendant les “jours maigres” qui représentaient près de 150 jours dans l'année. Pour enchérir, veuillez consulter la section « Informations de vente »

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